Le bois sera la star de la RE 2020 !

La RT 2012, qui vise à réglementer les consommations d’énergie des bâtiments neufs , aussi bien résidentiels que tertiaires, vit actuellement ses derniers instants. Elle va en effet être remplacée l’an prochain par la RE 2020, qui fera notamment la part belle aux matériaux bio-sourcés.

Qu’est-ce que la norme RE 2020 ?

L’élaboration de cette norme se base sur des expérimentations menées depuis fin 2018 à partir du label E+C- (plus d’énergie, moins de carbone). Selon le calendrier établi initialement, la RE 2020 (appelée souvent à tort « RT 2020 ») aurait dû être publiée officiellement au premier semestre 2020, et mise en application dès le début du second semestre. Malheureusement, à cause de la crise sanitaire liée au COVID-19, la RE 2020 a vu son application repoussée à deux reprises, pour finalement entrer en vigueur au 1er janvier 2022 afin de laisser aux acteurs du secteur le temps de se préparer.

Pourquoi la RE 2020 constitue-elle un changement majeur ?

L’objectif des réglementations précédentes (RT 2005 et RT 2012 notamment) était de diminuer la consommation énergétique des bâtiments, notamment en améliorant leur isolation et limiter les ponts thermiques afin d’éviter les déperditions de chaleur et donc d’énergie. Le système de chauffage représente en effet le premier poste de consommation d’énergie d’un bâtiment. La Re 2020 reprend ainsi deux indicateurs déjà utilisés dans la RT 2012 : le besoin bioclimatique (Bbio) et le Coefficient d’énergie primaire (Cep), en renforçant les exigences sur ces deux indicateurs. Sans entrer dans le détails, ils portent tous les deux sur l’efficacité énergétique du bâtiment, et comptabilisent ainsi les consommations d’énergie nécessaires à la production d’eau chaude, au chauffage, à l’éclairage et au refroidissement du bâtiment. Le Bbio devra ainsi être diminué de 30% par rapport à la RT 2012 avec la RE 2020, incitant les constructeurs à aller vers encore plus de sobriété énergétique. Une maison RE 2020 se rapprochera ainsi de plus en plus des performances d’une maison passive.

La plus grande nouveauté de cette RE 2020 est d’introduire un objectif de diminution de la production de gaz à effet de serre, afin de rendre le logement globalement plus respectueux de l’environnement et réaliser un grand pas en faveur de la transition écologique.
C’est ainsi tout le cycle de vie du bâtiment qui entrera en considération pour le calcul des émissions de gaz à effet de serre (de sa construction jusqu’à sa démolition, en passant par le recyclage de ses composants, et bien sûr l’occupation par des habitants). Ceci constitue un changement majeur dans la façon dont est pensée cette norme, qui était jusqu’à présent une simple réglementation thermique (RT), et qui devient une réglementation environnementale (RE), prenant en compte l’impact global du bâtiment sur l’environnement.

Quels sont les indicateurs importants pour les maisons individuelles ?

Plus d’énergie : l’objectif est de diminuer la consommation d’énergie comparée à la RT 2012, en ayant recours à des isolants encore plus performants. Les besoins en énergie primaire, mesurés grâce au Cep seront également plafonnés, mais toujours modulés grâce à la prise en compte du coefficient de rigueur climatique. Une attention toute particulière devra ainsi être portée sur l’isolation, les ponts thermiques, mais également sur la conception en elle même de la maison afin d’éviter les déperditions de chaleur et donc le « gaspillage » d’énergie. Ainsi il faudra limiter les ouvertures au Nord par exemple, tout en maximisant les apports de chaleur solaires en hiver.

Par ailleurs, la provenance de l’énergie consommée sera prise en considération. La production d’énergie renouvelable (solaire thermique ou énergie photovoltaïque par exemple) sera ainsi valorisée, tout comme son auto-consommation. Cet aspect ne sera cependant pas obligatoire.

Moins de carbone : le but est ici de minimiser les émissions de gaz à effet de serre. Le calcul de l’empreinte carbone globale du bâtiment va donc comptabiliser les émissions liées à la production des matériaux utilisés, mais aussi à leur transport, à la gestion des déchets de chantier puis à la démolition et au recyclage de la maison. Ainsi les matériaux dit “biosourcés”, c’est à dire renouvelables et d’origine naturelle, tels que le bois, le chanvre, la paille ou encore la ouate de cellulose seront valorisés par rapport aux matériaux issus d’une transformation chimique ou d’un processus industriel tels que le béton ou l’acier. Dans la même logique, les matériaux produits localement, nécessitant moins de transport, pourront être privilégiés par rapport aux matériaux importés. La durée de vie prise en compte sera de 50 ans, et la maison devra donc montrer sa neutralité carbone dans le temps.
Le volet carbone portera aussi sur les émissions liées au mode de chauffage : avec un seuil maximal de 4 kg de C02/an (soit environ 10 fois moins qu’une maison « classique »), il ne sera pas possible d’installer une chaudière utilisant des énergies fossiles (fioul, gaz, charbon) ni même des convecteurs électriques à effet Joule. Seuls les pompes à chaleur et les poêles à granulés pourront permettre de passer sous ce seuil.

Quels sont les autres grands principes de cette nouvelle réglementation ?

L’autre nouveauté de la RE 2020, c’est de beaucoup plus prendre en compte la qualité de vie et du bien-être de ses habitants. Cela englobe notamment la prise en compte de la ventilation, de la luminosité, mais aussi de la faible inertie face à la chaleur pour assurer un bon confort en été. Une problématique de plus en plus cruciale avec le réchauffement climatique et la recrudescence des périodes de canicule. La RE 2020 mets ainsi des exigences sur la température maximale qu’il devra faire dans la maison en cas de canicule comme celle qui a eu lieu en 2003, mais également ces dernières années, et se base donc sur un scenario de réchauffement climatique où de tels épisodes se répèteront de plus en plus fréquents.
Les normes autour de la santé des habitants introduites par la RE 2020 concernent aussi la qualité de l’air intérieur, en grande partie liée aux matériaux utilisés lors de la construction et aux éventuels composés volatiles (COV) qu’ils peuvent émettre s’ils ont subi des traitements chimiques.

Quel sera le prix d’une maison RE 2020 ?

Il est à peu près certain que le prix des logements va évoluer à la hausse avec l’entrée en vigueur de la RE 2020. Cependant, la hausse ne sera pas la même selon le type de maison. En effet, à cause de leur poids carbone important, l’usage de matériaux traditionnels tels que le béton, la laine de roche, le polystyrène ou encore l’acier devra être limité dans les nouvelles constructions, au profit de matériaux biosourcés tels que le bois, la ouate de cellulose, la fibre de bois. Ces matériaux, d’une plus grande qualité environnementale sont souvent plus chers que les matériaux classiques traditionnels, et les constructeurs qui construisaient des maisons traditionnels vont donc devoir s’adapte à cette nouvelle donne et adapter leurs de l’ordre de 5 à 10%.

En revanche, les constructeurs bois, qui pour la plupart avaient déjà recours à des matériaux biosourcés n’auront a priori pas à augmenter leurs tarifs avec la RE 2020. En effet, l’utilisation du bois comme matériau principal pour l’ossature et d’isolant biosourcé et totalement en ligne avec la philosophie de la RE 2020 : le bois présente à la fois de très bonnes performances en termes de confort d’été (bonne inertie face à la chaleur et descente rapide en température en fin de journée), constitue un véritable puits de carbone capable de stocker du C02 (environ 1 tonne par m3) et peut être utilisé sans traitement chimique grâce aux qualités antifongiques de certaines essences comme le pin Douglas par exemple.

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